Le secteur espagnol de la pomme de terre a connu quatre années consécutives de stabilité et de croissance, grâce à l'abandon de cultures moins rentables comme la betterave sucrière. L'amélioration des pratiques culturales, des variétés innovantes et une meilleure organisation du marché ont considérablement renforcé la position du secteur.
Selon Alfonso Sáenz de Cámara, directeur d'Udapa, une importante coopérative basque, la réduction de la culture de la betterave sucrière – due en grande partie à la suppression des subventions associées et à la volatilité des marchés du sucre – a incité les agriculteurs à se tourner vers la production de pommes de terre. Cette évolution a libéré des terres agricoles supplémentaires, augmentant ainsi la superficie cultivée et la rentabilité de la culture de la pomme de terre.
L'amélioration des techniques de culture, le développement de variétés de pommes de terre résistantes aux maladies et une meilleure coordination sectorielle ont encore renforcé cette tendance positive. En Espagne, la demande de pommes de terre est restée constamment élevée, soutenue par une consommation accrue dans le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et des cafés, ainsi que par la grande distribution. Par conséquent, les prix sont restés relativement stables, atténuant la volatilité antérieure du marché.
L'industrie a su s'adapter avec succès à l'évolution des exigences du marché en misant sur l'innovation, la différenciation des produits et la durabilité. De nouvelles variétés de pommes de terre adaptées à des usages culinaires spécifiques, des solutions d'emballage optimisées et des méthodes de distribution efficaces ont considérablement accru la valeur ajoutée du produit. De plus, les pratiques agricoles durables sont devenues un pilier pour les producteurs soucieux de minimiser leur impact environnemental.
Néanmoins, le secteur est confronté à des difficultés, notamment des pénuries en mars et avril, qui nécessitent des importations d'Égypte et d'Israël. Pour y remédier, les producteurs espagnols ont mis en œuvre des stratégies telles que la culture de pommes de terre de seconde récolte, notamment des pommes de terre « vertes », plantées en août et récoltées en décembre, afin de garantir une disponibilité tout au long de l'année.
Un autre obstacle majeur est la pénurie actuelle de plants de pommes de terre en Europe, due à une réorientation vers une production destinée à la consommation industrielle. Résoudre ce problème de pénurie de plants demeure essentiel pour maintenir la stabilité de la production.
L'avenir de la filière pomme de terre reste prometteur. L'adoption de l'agro-industrialisation et des modèles économiques coopératifs assurera le renouvellement des générations et protégera les agriculteurs locaux des consolidations d'entreprises. Leur engagement en faveur de la qualité, de l'innovation et des pratiques durables place les producteurs espagnols en bonne position pour relever les défis liés au changement climatique et à l'évolution des préférences des consommateurs.